Un monde étrange (Eliot)

« Un monde étrange »

Lydia était loin de Beacon Hills quand les choses ont commencé à prendre une tournure étrange. Étudiante au MIT à Cambridge dans le Massachusetts, elle était toutefois bien loin de se douter à quel point la situation actuelle était étrange et non pas dépourvu de conséquences. Des conséquences qui ne tarderai d'ailleurs probablement pas à impacter tout le monde - si ce n'était le monde lui-même ? Car, à dire vrai la banshee ignorait encore si ses événements pour le moins inexplicables, pour ne pas dire carrément abracadabrants, se produisaient de manière local, national ou s'il y avait aussi des répercussions mondiales ou... Si c'était simplement elle qui était en plein délire ?

Lydia avait pourtant toujours appris à élargir sa vision des choses, à rester ouverte d'esprit. Surtout depuis sa transformation en messagère de la mort. Mais même en dépit de cela, elle avait un peu de mal à croire que les fées, les lutins ou autres farfadets puissent réellement exister. Portant, elle était certaine d'en avoir aperçu à plusieurs reprises dans sa chambre située sur le campus universitaire. Même sa mère lui avait confié s'être retrouvé face à une créature qu'elle n'avait encore jamais vu et qui ressemblait étrangement à une manticore. Natalie ne l'avait pas vraiment formulé ainsi, mais Lydia en avait tiré ses propres conclusions lorsque cette dernière lui avait décrit la bestiole qui lui avait coupé la route pour disparaître presque aussi vite qu'elle lui était apparue. Serrant un peu plus le volant de sa voiture entre ses mains, la Martin essayait tant bien que mal de garder un œil attentif sur la route. Mais elle peinait à rester concentrée plus de deux minutes sur celle-ci. Alors, quand elle aperçut on ne peut plus loin de là où elle se trouvait un panneau indiquant la direction d'une station essence, elle s'engagea vers elle s'en trop y réfléchir. Une pause, un café et peut-être même un petit passage au sanitaire lui ferait le plus grand bien - sans oublier le plein de sa voiture.

Elle gara finalement son véhicule sur le parking prévu à cet effet et fila aussitôt en direction de la boutique de la station espérant y trouver rapidement une machine à café. Et alors même qu'elle faisait avaler sa petite monnaie au distributeur de boissons chaudes, son regard fut tout à coup attiré par l'une des vitrines du magasin. Néanmoins, rien d'extraordinaire ne semblait s'y trouver puisqu'il ne s'agissait que d'une vitrine tout à fait originaire dernière laquelle était entreposer quelques bouteilles d'eau, des sodas et un certain nombre de "club-sandwich". Alors pourquoi diable se sentait-elle attirée, comme hypnotisée par elle ?

La tête penchant sur un côté, le regard vague et l'expression tout à fait livide, Lydia Martin s'avança doucement en direction de cette dernière. Elle faisait un peu peur à voir, mais Lydia avait l'habitude de se retrouver dans ces états de transe, un peu comme si elle était complètement stone. Ignorant à présent les quelques personnes qui se trouvaient autour d'elle, elle tourna entièrement le dos au distributeur qui avait d'ores et déjà lancé la préparation de son café serré, elle tendit ensuite la main vers la poignée de la porte vitrée et la tira d'un coup sec vers elle.

De l'autre côté, se trouvait un tout autre monde et celui-ci n'avait strictement rien à voir avec le sien ou les "club-sandwich". Pourtant, lorsqu'elle referma la porte, elle pouvait à nouveau y voir les bouteilles de sodas et tout ce qu'elle avait put y voir précédemment. Curieuse, elle ouvrit à nouveau la vitrine et une nouvelle fois, elle se retrouva face à des plaines et à des montagnes à pertes de vue. À la fois subjuguée par tant de beauté et inquiètes de ce qui était en train de se produire sous ses yeux, elle les ferma et emboîta, malgré une certaine appréhension, le pas vers cet autre monde. Elle ignorait totalement où elle mettait les pieds, ni même si elle n'aurait pas dû prendre le temps d'y réfléchir à deux fois avant de se lancer tête baissé dans ce qui était censé être, à la base, un réfrigérateur ! Mais il était désormais bien trop tard pour y songer maintenant, car lorsqu'elle eut complètement retrouvé ses esprits, la porte de la vitrine avait purement et simplement disparu. Là voilà à nouveau dans de beaux draps, seul et très certainement loin de chez elle. Ignorant totalement si elle était prise au piège dans l'une de ses visions ou s'il s'agissait bel et bien de la réalité.

« Un monde étrange »

Des heures durant, Lydia avait marché au travers ses bois, mais réalisant que cette randonnée totalement improvisée pouvait s'avérer encore fort longue et désagréable lorsqu'on portait clairement les mauvaises chaussures - des talons hauts de près de dix centimètres - elle décida tout bonnement de s'arrêter là. Cela dit, elle ignorait si s'accorder une pause au milieu de nul part, dans un monde qui n'était pas le sien, était réellement une bonne idée. Sachant que durant la dernière "pause" qu'elle s'était accordé, elle avait eu la drôle d'idée de passer au travers un portail. Elle en était encore à se demander comment elle avait pu en arriver là ? Sérieusement, pourquoi diable avait-il fallu qu'elle entre dans ce fichu réfrigérateur sans même prendre le temps d'analyser - même un tant soit peu - la situation au préalable ?!

Faisant les cent pas, ne parvenant pas à tenir en place plus de deux minutes - même en dépit de la douleur affreuse qui lui brûlait presque les pieds à chacun de ses pas - Lydia commençait à s'emporter toute seule en faisant de grands gestes pour illustrer ses propos, alors qu'elle pestait littéralement contre elle-même. Elle finit néanmoins par se taire, lorsqu'on ne peut plus loin, elle entendit qu'on déblatérer aussi. Jetant un regard autour d'elle pour essayer de comprendre d'où pouvait bien provenir toutes ses injures, elle ne tarda pas à voir un drôle de type s'avancer vers elle.

« Un monde étrange »

Louche ou pas, ce drôle de bonhomme était la première âme qui vive que Lydia avait croisée depuis son arrivé ici, en terre inconnue. Du moins, la première âme qui vive qui lui était donné de voir, parce que quelque chose lui disait qu'il n'était sûrement pas le seul être vivant au alentour qu'elle avait pu croiser jusqu'ici - seulement elle n'avait put en voir aucun de ceux-là. Probablement parce qu'ils se montraient prudents et point au premier venu. Ou alors, peut-être étaient-ils simplement effrayés par la présence d'une inconnue qui râlait à tout-va, sur leur territoire ? Ou encore, peut-être demeuraient-ils là, tapi dans l'ombre, attendant le meilleur instant pour lui sauter au cou et la dévorer ? Cette dernière pensée ne m'enchanta guère, alors désireuse de la mettre de côté pour l'instant, elle reporta finalement toute son attention - ou presque - au garçon qui venait de se présenter à là elle - enfin... Presque là aussi.

« Un monde étrange »

Lydia tâchait toujours de donner le meilleur d'elle-même en toute circonstance. Cela dit, faire aveuglément confiance à un parfait inconnu, dépassé clairement ses capacités. Il fut un temps où l'insouciance - et le soulagement d'avoir croisé cet homme dans cette immensité verdoyante - aurait pris le dessus sur sa raison. Mais pas aujourd'hui. Pas après tout ce qu'elle avait vécu ces dernières années avec la meute. La prudence était dorénavant de mise. Du moins lorsqu'elle ne se laissait pas dominer par ses transe "bansheeque" sous lesquelles elle s'amusait vraisemblablement à traverser des portails magiques défectueux. Néanmoins, cela ne lui donnait pas le droit pour autant d'être aussi désagréable.


Elle n'avait jamais eu la prétention de croire que les "humains" étaient seuls dans l'univers. Tout comme elle avait toujours imaginé l'existence de plusieurs mondes, univers tout à fait possible. Mais en avoir une pseudo confirmation lui presque le tournis.

Où diable avait-elle pu atterrir ?


Aussi joli fut le nom de cet endroit, Lydia n'avait pas la moindre de quoi il était en train de parler. Était-il vraiment là d'ailleurs ? Avait-elle réellement quitté son état second ? Avait-elle même seulement quitté sa voiture ? Une infime partie de son être espérait encore que tout ceci ne soit qu'un rêve.